
“Lagon, lagunes évoque les stations du chemin d'une conscience mise au ban des identités admises. Placé sous le signe de l'errance dans le temps et l'espace, ce parcours précipite la "Rebelle" aux points névralgiques qui jalonnent une mémoire travaillée par la douleur et l'orgueil à la fois. Écrit dans une riche prose poétique qui joue sur tous les registres de la langue, Lagon, lagunes se présente comme une mosaïque faite de fragments littéraires, historiques et mythologiques.
Le lukasa, c’est un tableau de mémoire.
Une petite planche de bois incurvée que j’ai placée dans ma main,
parce qu’il restait une dette due,
une honte à boire, des lianes à tresser,
et bien plus encore, sans doute…
Écrire, c’est aussi une façon de compter.
Le lukasa, c’est un labyrinthe et un miroir
où viennent tout bonnement se perdre
[les signares aux yeux surréls comme un clair de lune sur la grève].
Sélèné, sèche signare aux yeux vairs, s’étend sur le sable et demande qu’on vienne la masser.
Le vent glisse un doigt fugace le long de l’arête de son dos, bivouaque au creux des lombes,
y plante un frisson, remonte vers les flancs pour en pétrir le peu de pâte, appuie ses longues paumes sur l’omoplate osseuse, pianote lentement le long des épaules vers la nuque, souffle sur la lisière des cheveux, agace de sa langue le dedans tiède de son oreille.
La gibeuse soupire et s’impatiente.